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La journée mondiale pour un tourisme responsable (#JMTR) a lieu annuellement le 2 juin. C’est une bonne occasion pour se poser des questions sur ses pratiques. Que l’on soit voyageur du monde, en déplacement pour les vacances, un week-end ou pour le travail, il est important de savoir faire les bons choix. Les organisations désireuses de « se mettre au vert » pourront également proposer à leurs clients un séjour ou un voyage plus responsable.

Le tourisme durable...c'est quoi ?

cartes postales

Le tourisme est un phénomène complexe qui existe depuis très longtemps. Il s’est considérablement développé avec l’évolution des moyens de transports, la hausse du salaire et l’augmentation du temps libre (apparition des congés payés). Du fait de sa nature anthropique et de son expansion croissante, il crée des impacts économiques, sociaux, culturels mais surtout environnementaux qui se multiplient selon la densité de touristes sur un territoire. Le tourisme durable apparait alors comme une pratique alternative au tourisme de masse.

Selon l’article 1 de la charte du tourisme durable de Lanzarote, la pratique du tourisme durable se doit d’être « supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique, équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales » (Ministère de l'écologie, 2011).

Il existe plusieurs façons de faire du tourisme durable dont voici quelques définitions.

L'écotourisme

ecotourisme

La notion d'écotourisme, s’est développée suite au Sommet Mondial de l’Ecotourisme organisé en 2002 par l’OMT. L'écotourisme est « une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations locales » (International Ecotourism Society). Il rassemble toutes les formes de séjour axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du touriste est d'observer et d'apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles. Il comporte également une part d'éducation et d'interprétation du patrimoine naturel et culturel du territoire.

Le tourisme rural

Le tourisme rural a pour but de maintenir l’habitat en zone rurale et peut se manifester par une multitude d’activités comme l’agri-tourisme (tourisme chez les agriculteurs), le tourisme de randonnée, l’œnotourisme… Certaines de ces activités posent des questions d’impact en termes de durabilité. Par exemple, la pratique du canyoning ou autres activités de rivières participent à la destruction de la micro-flore.

Le tourisme intégré et diffus

C’est une initiative locale de développement qui s’appuie sur la volonté des populations de faire partager au touriste la vie locale. Les populations créent les infrastructures nécessaires et s’occupent de la gestion de leurs visiteurs.

Le tourisme communautaire

Il a quant à lui pour objectif la mise en œuvre de projets ou activités qui profitent au tourisme et à la communauté entière. Il génère une meilleure retombée financière grâce à un choix judicieux d’investissement à long terme. Par exemple, l’agence Eco-Benin propose des séjours au plus proche des communautés.

Le tourisme responsable

Synonyme du tourisme durable, avec une petite nuance dans le sens où ce concept implique une démarche volontaire de responsabilité sociale et environnementale de la part des acteurs économiques.

Ainsi, des voyagistes se sont organisés pour faire reconnaître leurs engagements par le label « Agir pour un Tourisme Responsable ». La Coalition Internationale pour un Tourisme Responsable organise chaque année une journée mondiale pour sensibiliser les acteurs de la chaîne du tourisme aux enjeux du développement durable. Le célèbre Guide du Routard, et bien d’autres proposent chaque année une liste des acteurs du tourisme responsable.

Le tourisme social/solidaire

Il a pour objectif de permettre à chacun de partir en vacances et de pratiquer des activités de loisirs. Branche de poids dans le secteur global du tourisme, il vise à rendre effectif « le droit aux vacances » et témoigne de la volonté des acteurs politiques et sociaux de rendre le tourisme accessible à tous : les jeunes, les familles, les retraités, les personnes aux revenus modestes, les personnes en situation de handicap, etc. Le tourisme social inclut également les réalisations qui contribuent à rendre accessible la pratique d’activités de plein air, notamment en faveur des jeunes comme l’éco-volontariat et les chantiers de jeunes.

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Pour y voir plus clair, découvrez l'interview de la directrice des programmes de Tourisme Durable de l’association Teragir.

Teragir est une association loi 1901 dont l’objectif premier est l’éducation au développement durable. Elle accompagne les acteurs de la société dans leurs projets de développement durable grâce à 5 programmes d’action : Eco-Ecole, la Journée Internationale des Forêts, Jeunes Reporters pour l’Environnement, Clef Verte et Pavillon Bleu.

pavilon bleu logo

 

Interview de Nathalie Bel-Baussant, directrice des programmes de Tourisme Durable – Clef Verte & Pavillon Bleu chez Teragir.

Nathalie, quels sont selon toi grands les enjeux du tourisme responsable ?

Nathalie Bel-Baussant

Le premier enjeu du tourisme responsable est de traiter la problématique de « surtourisme » entraînant la gestion de flux de personnes importants dans le temps et dans l'espace.

En découlent donc deux enjeux : l’utilisation des moyens de transport et la notion de distance. La question du transport aérien sur de courts trajets (ex : city break) nous rappelle en effet les problématiques de gaz à effet de serre et leur impact sur le climat. Les mobilités douces sont donc à développer.

Le second enjeu majeur selon moi est la mobilisation de tous les acteurs de la filière et la sensibilisation du grand public. Les labels ont ici aussi un rôle à jouer concernant l’éducation au développement durable.

Puis, viennent les enjeux de préservation de la destination touristique à travers la préservation du patrimoine naturel (exemple de la pollution de la mer à Ko Tao en ThaÏlande).

Et enfin, les enjeux sociaux concernant la juste rémunération de tous les acteurs (tourisme équitable).

Penses-tu que le développement du tourisme durable soit un phénomène mondial ?

Oui je pense que la prise de conscience est mondiale. Il y a des pays plus en avance que d’autres, notamment le Costa Rica ou la Nouvelle-Zélande. Il arrive même que certains pays soient poussés à développer leur politique de tourisme durable par des groupes hôteliers (exemple du Mexique), apparaissant alors comme un réel choix professionnel.

La demande de la clientèle pèse également dans la balance mondiale. Les entreprises américaines sont plutôt en avance sur la RSE comparées à d’autres pays, cela représente donc une opportunité pour le tourisme d’affaires (proposer des séminaires et événements responsables).

Les prochains JO auront également une orientation durable et inclusive ce qui démontre bien la prise en compte mondiale de ce sujet.

Tu évoques que la demande de la clientèle permet de développer le tourisme durable, quels sont donc les critères de durabilité les plus regardés par les touristes ?

De manière générale, nous observons qu’une fois sur place, le touriste reproduit les habitudes qu’il a développé à la maison. Il réalise les réflexes du quotidien. Par exemple, s’il a l’habitude de faire le tri des déchets chez lui, il va chercher à le faire sur son lieu d’hébergement ou sur les lieux qu’il visite. Si la douche de sa chambre a une fuite, il va le signaler car il a l’habitude de ne pas la laisser couler à la maison.

Pour revenir sur les critères de choix des touristes, la plupart des personnes cherchent d’abord une destination, puis la typologie d’hébergement qu’ils affectionnent en fonction de son budget. Le critère de responsabilité de l’hébergement intervient par la suite.

Moins il y a de choix dans les offres d’hébergement, plus le critère de responsabilité de l’hébergement peut faire la différence.

Cependant, nous pouvons donc dire qu’une personne déjà sensibilisée aux enjeux environnementaux choisira plus facilement un établissement ayant une démarche, à condition qu’elle soit visible.

Peux-tu nous communiquer des chiffres sur le tourisme responsable ?

Bien sûr, sur le site de la Clef Verte nous communiquons quelques résultats d’études :

  • 66% des Français jugent « indispensable le tourisme responsable » selon un reportage de FranceTVinfo en mars 2018
  • 86% des Français sont prêts à réserver un hébergement respectueux de l’environnement à prix raisonnable. 32% des répondants sont prêts à payer entre 5 et 10 euros de plus par nuit et 22% entre 10 et 20 de plus. Info Travel – juin 2018.
  • Et enfin, une étude de Booking parue en février 2019 démontre que 87% des personnes interrogées affirment vouloir voyager de manière plus responsable. Et 67% dont prêt à payer leur séjour au moins 5% plus cher si cela leur garanti un faible impact sur l’environnement.

A noter également, que l’environnement a été pour la première fois la préoccupation numéro une des français selon un sondage d’Ipsos-Sopra Steria publié en septembre 2019 !

A présent, quel canal conseillerais-tu pour trouver son hébergement responsable ?

De manière générale, les grandes centrales de réservations ne mettent pas en avant les critères de responsabilité des hébergements.

Nous recommandons donc de :

  • Privilégier les réservations en direct
  • Consulter des sites et applis mobiles spécialisées (Fair Trip, Vaovert, Fairbooking, SOLIKEND)
  • Se rendre directement sur les sites des labels environnementaux pour trouver une liste d’hébergements engagés. L’ADEME recense de nombreux labels existants.
  • Enfin, il est possible de choisir un hébergement faisant parti d'un groupe engagé (ex : Uttopia, hôtels au naturel – mis en avant aux Palmes du Tourisme Durable 2020)

A présent, plaçons-nous du côté des établissements. Quels sont les avantages de la mise en place d'une démarche de tourisme durable ?

On peut classer les avantages en 3 catégories de bénéfices.

Bénéfice économique :

  • Répondre aux attentes de la clientèle de plus en plus sensible
  • Diminuer les charges d’exploitation et anticiper les futures réglementations

Bénéfice social :

  • Améliorer le cadre de travail des collaborateurs
  • Mettre en place un projet porteur de sens et fédérateur pour les équipes

Bénéfice environnemental :

  • Préserver le territoire, économiser les ressources
  • Diminuer l’impact de l’activité touristique et contribuer à la transition vers le tourisme durable

Les organisations qui choisissent une labellisation obtiennent une reconnaissance externe de leur engagement.

Nous sortons d’une période de confinement de 2 mois où le tourisme a été extrêmement impacté. Penses-tu que la crise sanitaire va changer les habitudes des voyageurs et celles des professionnels ?

Je pense sincèrement qu’il y aura plus de vacances en France cette année. Le lien entre la santé et l’environnement est très fort.

A court terme, les professionnels devront bien-sûr répondre à la problématique financière pour passer le cap. Mais je pense qu’il n’y aura pas de retour en arrière.

En effet, un plan de relance du tourisme post covid-19 est en préparation et comprend une dimension durable et digitale. Un comité filière tourisme a été mis en place au gouvernement avec une commission tourisme durable.

Si le plan de relance intègre une dimension durable et digitale, le numérique responsable devrait alors être pris en compte par tous les acteurs ? Comment traitez-vous ce sujet à la Clef Verte ?

Aujourd’hui, le référentiel comprend quelques critères sur cette thématique comme limiter les impressions de factures et menus, paramétrer la mise en veille des ordinateurs, choisir du matériel électronique peu consommateur et faire recycler des objets numériques.

Pour sa plateforme de labellisation, la Clef Verte a choisi un prestataire engagé et a travaillé sur la réduction de la consommation du site et de sa bande passante.

Le nombre de labellisés Clef Verte a augmenté cette année, est-ce également le cas dans les autres pays où Green key est déployé ? 

La tendance est en effet à la hausse. Le réseau international s’étend avec l’entrée de 12 nouveaux pays en 3 ans.

Le nombre de candidatures augmente également. Clef Verte est le 1er label de France pour les hébergements touristiques et les restaurants durables avec 643 établissements labellisés en France ce qui représente 23 millions de nuitées à faible impact.

Teragir porte également le programme Pavillon Bleu, label de qualité environnementale pour les plages et les ports. Le constat est identique pour le Blue Flag international avec un nombre croissant de communes et gestionnaires de ports engagé. Le palmarès 2020 sera d’ailleurs présenté le 9 juin prochain.

Enfin, peux-tu nous citer quelques bonnes pratiques du réseau ?

Il y en a plein ! La FUAJ est très impliquée au niveau de son territoire. L’auberge de jeunesse de La Clusaz (74) réalise des dons à des associations et accueille des réfugiés, dont des chefs pour des échanges culinaires.

L’auberge de jeunesse de Serre-Chevalier (04) a été le coup de cœur du Jury Clef Verte 2019 pour sa dynamique territoriale de partenariats et l’utilisation de ressources locales sur un principe d'échange (mobilier récupéré, artistes accueillis).

Le Domaine du centaure (27) a mis en place une pratique de restauration de la biodiversité « simple et pas chère » en plantant des fleurs endémiques pour attirer une faune locale. Elle a pu observer une arrivée d'oiseaux et de papillons.

Enfin, la pratique de tarifs avantageux en proposant la climatisation en option est aussi une pratique intéressante. Elle offre l’occasion de rentrer en discussion avec le client sur ce sujet. Oui, oui, cette pratique est mise en place dans plusieurs établissements du sud de la France.

L’exemple du Domaine du Val*** et de l'Ambassade de Bretagne, labellisés LUCIE.

La Communauté LUCIE comprend aussi quelques professionnels du secteur touristique comme le restaurant l’Ambassade de Bretagne à Marseille (13) et le Domaine du Val*** en Baie de Somme (80).

Les bonnes pratiques de l'Ambassade de Bretagne :

Restaurant labellisé RSE-labellucie

  • Aménagement des plannings pour les jeunes pères ou mères
  • Mise en place du télétravail pour la directrice du restaurant
  • Accueil de nombreux stagiaires de différents horizons
  • Utilisation de farine bio pour la pâte à crêpes et mise en valeur de petits artisans et producteurs Bretons

 

Les bonnes pratiques du Domaine du Val :

Domaine du val

  • Être membre actif de l’association « Baie de Somme Zéro Carbone »
  • Reverser 10% du montant de la réservation aux hôpitaux de France en période Covid-19
  • Création d’un « fond vert » : 1% du chiffre d’affaires séminaire est aujourd’hui reversé à des associations de l’économie sociale et solidaire.

Pour aller plus loin