Semaine européenne de réduction des déchets, loi anti-gaspillage pour une économie circulaire... La question des déchets arrive sur le devant de la scène. Dans la vie quotidienne, elle est souvent associée à celle du tri. Pourtant, la problématique est bien plus vaste et comprend la réduction, la collecte, la consigne, le traitement ou encore la valorisation. Au-delà de la question réglementaire de plus en plus contraignante, mener une stratégie de gestion des déchets en entreprise est un réel levier de création de valeur.

La gestion des déchets en Europe

Afin de protéger l'environnement et la santé, l'Union européenne défend une politique ambitieuse en matière de gestion des déchets et d'économie circulaire. Elle a établi une hiérarchie dans les modes de gestion des déchets :

1. La prévention
2. La réutilisation
3. Le recyclage
4. La valorisation (énergétique, par exemple)
5. L’élimination.

Dès 1972 avec la taxe Pigou, l'Union Européenne a instauré le principe de pollueur-payeur selon lequel le producteur initial du déchet endosse les coûts de la gestion de ces déchets.

L'un des textes les plus emblématiques reste la directive-cadre sur les déchets de 2008, actualisée en 2018. Elle fixe des objectifs en termes de collecte et de recyclage, comme :

• D’ici à 2024, la collecte séparée des déchets biodégradables, ou recyclage à la source, tel que le compostage domestique.
• D'ici à 2025, le recyclage de 55% des déchets municipaux ; 65% des déchets d'emballage ; la mise en place d'une collecte séparée des déchets textiles et des déchets dangereux produits par les ménages.
• D'ici à 2030, le recyclage de 60% des déchets municipaux et 70% des déchets d'emballage ; la réduction des pertes alimentaires du producteur au consommateur afin de "contribuer à l'objectif des Nations unies visant à réduire de 50 % à l'échelle mondiale le volume de déchets alimentaires".
• D'ici à 2035, le recyclage de 65 % des déchets municipaux ; la part des déchets municipaux mis en décharge réduite à 10% maximum de la quantité totale.

La France à la traîne

Si l'Union Européenne fixe des objectifs ambitieux, il existe de fortes disparités entre les pays membres.

Avec 2,5 milliards de tonnes de déchets produites dans l'Union européenne en 2016, la France se situe légèrement au dessus de la moyenne européenne avec 514 kg de déchets ménagers par habitant, contre 486 kg en moyenne à l'échelle de l'UE.

Elle n’a pourtant pas de quoi être fière. En 2017, seulement 26,46% des déchets d’emballages plastiques sont recyclés en France. D’après Plastics Europe, elle se place parmi les derniers, loin de la moyenne européenne de 41% et de la Lituanie qui en tête avec 74,2%.

Mais que deviennent ces déchets ?

Selon l’ADEME :

• 65% sont recyclés ou remblayés (+ 13% en 10 ans) ;
• 29% sont éliminés (- 15% en 10 ans) ;
• 6% sont valorisés énergétiquement (+ 59% en 10 ans)

Une gestion des déchets complexe

La France n'a pas encore fixé le modèle économique pour recycler tous les déchets. Certains sont particulièrement coûteux et complexes à traiter. La loi anti-gaspillage renforce la responsabilité élargie des producteurs (REP). Concrètement, la loi crée de nouvelles filières REP ou étend le périmètre des filières déjà existantes.

Malheureusement les industriels se tournent encore vers des matières premières vierges, plutôt que celles recyclées. Par exemple, produire une bouteille à partir de plastique recyclé coûte plus cher qu'à partir de pétrole.

Bien loin de la vision du citoyen, la gestion des déchets en France est complexe. Si la politique et le cadre réglementaire sont fixés par l'État et l’Europe, cette gestion relève le plus souvent des collectivités territoriales en fonction du type de déchet. Ainsi elle sera parfois confiée à la commune, au département ou à la région.

En France, les déchets sont gérés par le service public ou délégués à un prestataire externe ou encore géré par un éco-organisme dans le cadre d'une filière REP (Responsabilité Élargie des Producteurs).

Le 30 janvier 2020, le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a été adopté à l'unanimité par le Sénat. S'il s'agit bien d'une avancée, il est en réalité très orienté vers le recyclage plutôt que la réduction des déchets. Cette loi a pour ambition de « transformer notre système en profondeur ».

Le gouvernement se veut à la hauteur de l'urgence écologique avec pour objectif d’atteindre le zéro plastique à usage unique d’ici… 2040. Les premiers pas se font depuis le 1^er janvier 2020 avec l’interdiction des gobelets, des assiettes et des cotons-tiges. Puis le projet continuera cette progression par des décrets tous les 5 ans, rédigés en collaboration avec des ONG, collectivités, industriels mais aussi des consommateurs. De plus, dès 2021, le Ministère de la Transition écologique et solidaire instaurera une harmonisation des consignes de tri afin de le rendre plus efficace.

Pourquoi optimiser la gestion des déchets en entreprise ?

Pour répondre et anticiper la réglementation

Depuis 2016, les obligations en matière de gestion des déchets des professionnels sont de plus en plus contraignantes, avec notamment :

• La montée en puissance des filières REP
• L’abaissement des seuils à 10 tonnes/an pour la collecte sélective des biodéchets depuis 2016
• L’abaissement des seuils à 20 salariés pour le tri à la source des papiers de bureau depuis 2019
• L’obligation de tri des déchets de papier/carton, métal, plastique, verre, bois, prévue par le décret 5 flux publié en 2016
• L’augmentation progressive de la Taxe Générale pour les Activités Polluantes, prévue par la loi de finances 2019

Pour des questions sociales et environnementales

Récemment la question des déchets est apparue sur le devant de la scène, à travers celle du plastique.

Savez-vous qu'il pleut 365 particules par m²/ jour dans les Pyrénées ? De même, il n’est plus possible d’ignorer l’existence de ce fameux 7^ème continent, cette multitude de microplastiques qui atteint aujourd’hui 6 fois la taille de la France.

L’éthique s’impose dans les valeurs du monde professionnel et les entreprises se doivent d’être des acteurs responsables dans cette lutte pour le climat.

Pour améliorer la performance économique de l'entreprise

Au-delà des contraintes réglementaires, de l'environnement et la santé, les déchets ont aussi un impact sur la performance économique de l'entreprise.

Si les entreprises connaissent en général le coût de la facture des déchets, elles ne calculent que très rarement le coût complet de la gestion de leurs déchets.

Prenons l'exemple d'une entreprise industrielle. Elle paie indirectement une partie de sa main d'œuvre pour effectuer le tri ou le démontage préalable à l'élimination des déchets et investit dans du matériel pour assurer la gestion des déchets. Pire, l'entreprise gaspille une partie de ses matières premières, du temps de sa main d'œuvre et celui de l'usage de ses machines pour produire des déchets.

Mettre en place une stratégie zéro déchet

Régler le problème en amont

Si la gestion des déchets peut s'avérer coûteuse et non concluante, la solution serait donc de ne pas avoir à les gérer ? Ils sont de plus en plus nombreux à choisir le chemin de la décroissance et ce nouveau mode de vie présente des avantages aussi écologiques qu'économiques.

En effet, l'élimination des déchets est en parfaite adéquation avec l'économie circulaire, tendant à n'avoir aucun impact environnemental. Avec une consommation axée sur la simplicité, il est plus facile de prendre conscience des conséquences de ses actions. Parfois la durée d'utilisation d'un produit ne vaut pas sa durée de vie en tant que déchet dans la nature.

Exemple d’un sac plastique

• Durée d’utilisation moyenne : 10 à 12 minutes
• Durée de vie : 450 ans

L'illusion du recyclage

L'ONU annonce que seulement 9% des 9 milliards de tonnes de plastique jamais produit dans le monde ont été recyclées. Greenpeace le dénonce haut et fort : le recyclage n'est pas suffisant. Tout d'abord, tous les matériaux ne sont pas recyclables, même un taux de recyclage de 100% de chaque individu ne bouclerait pas la boucle d'une économie circulaire et durable. En ajoutant à cela le recours au trafic illégal de déchets, les émissions toxiques de la valorisation des déchets et ceux qui finissent dans notre milieu naturel, on arrive à la conclusion que "le meilleur des déchets, c'est celui qui n'existe pas".

Refuser, réduire, réutiliser, recycler, composter

D'après Béa Johnson, ce sont les 5 règles d'or pour faire de l'utopie 0 déchet un objectif réalisable. L'application de ces règles dans l'ordre fournira des solutions alternatives et inventives pour devenir acteur de sa consommation.

• Refuser ce dont nous n'avons pas besoin, ou éliminer le superflu en reconsidérant ses réels besoins
• Réduire ce dont nous avons besoin, vivre plus avec moins
• Réutiliser ce que nous consommons, et substituer le jetable par des produits durables
• Recycler ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, ni réutiliser, suivre les consignes de tri comme dernière échappatoire
• Composter le reste, c'est-à-dire les déchets organiques et biodégradables

Et c'est possible en entreprise ?

Responsabiliser son entreprise et sensibiliser les salariés qui la composent rejoint le mouvement Colibri de faire sa part et permet de refléter les valeurs environnementales de l'organisation. S'ajoute à cela une réelle opportunité économique et marketing.

La sensibilisation au zéro déchet et zéro gaspillage est tout à fait applicable dans le monde de l'entreprise. Cela peut bien sûr commencer par la mise en pratique de petits gestes simples. Pour un réel engagement, la transition devra résulter d'un processus de réflexion sur chaque étape de la chaîne de production, qui finira par avoir un réel impact positif sur son propre environnement mais aussi respectueux de la planète.

#CommunautéLUCIE

En 2017, la société de restauration collective Restoria remporte le trophée LUCIE de l'Innov'Action pour sa Mission Zéro et son concept anti-gaspi ! Mission réussie : une belle preuve d'engagement qui s'est accompagnée de nombreux autres avantages...