Photo d'un code barre dessiné dans l'herbe - Label LUCIE

Pesant en moyenne pour 50 % du chiffre d’affaires (ADEME), les achats sont au cœur du fonctionnement de l’entreprise. Les achats représentent donc un levier stratégique et un axe important d’amélioration de la performance économique de l’entreprise. Dans une logique de performance globale, les achats responsables sont un levier essentiel de la démarche RSE et d’impact de l’entreprise.

Faut-il privilégier des produits locaux, éco-responsables, bas carbone ou encore équitables... Qu’est-ce qui définit un achat responsable ? Pourquoi et comment adopter une stratégie achats responsables ?

C’est quoi un achat responsable ? 

Parmi les nombreuses définitions des achats responsables, nous vous proposons celle de l’Observatoire des Achats Responsables (OBSAR) :

Un achat responsable désigne « tout achat intégrant dans un esprit d’équilibre, entre parties prenantes, des exigences, spécifications et critères en faveur de la protection et de la mise en valeur de l’environnement, du progrès social et du développement économique. L'acheteur recherche l’efficacité, l’amélioration de la qualité des prestations et l’optimisation des coûts globaux (immédiats et différés) au sein d’une chaîne de valeur et en mesure l'impact »

Selon l’ADEME, “Le déploiement des achats responsables consiste à intégrer des critères environnementaux et sociaux, une logique de cycle de vie et de coût global dans son processus achat.”

Que ce soit dans ses achats courants ou dans une démarche d’éco-conception, l’organisation adopte une stratégie spécifique pour le choix de ses produits et de ses fournisseurs. Elle s’assure alors que les produits ou services qu’elle achète contribuent aux objectifs de développement durable (ODD) en minimisant leurs impacts sociaux et environnementaux et en contribuant au partage de la valeur et au progrès social.

Les achats pour réduire son empreinte environnementale

On parle parfois d’achats éco-responsables, lorsque l’acheteur privilégie les produits ou services qui limitent leurs impacts environnementaux.

Quelques exemples de critères environnementaux qui peuvent être pris en compte dans une stratégie achats responsables :

  • Réduction de l’utilisation de matières premières ;
  • Élimination des substances toxiques ou dangereuses ;
  • Intégration des enjeux d’économie circulaire ;
  • Réduction des impacts de la fabrication ;
  • Préférence aux ressources renouvelables ;
  • Produits éco-conçus reconnus par des écolabels ;
  • Maîtrise de la consommation énergétique ;
  • Les circuits courts ;
  • Produits ou services qui limitent les émissions de gaz à effet de serre ;
  • Réduction de la production de déchets ;
  • Gestion responsable des déchets ;
  • Impact limité sur la biodiversité.

Les achats, un levier de progrès social

Quelques exemples de critères sociaux qui peuvent être pris en compte dans une stratégie achats responsables :

  • Recours au commerce équitable ;
  • Garantie et traçabilité des chaînes d’approvisionnement en matière de respect des droits de l’Homme et des conditions de travail ;
  • Accès ou retour à l’emploi des publics marginalisés
    • Insertion des publics éloignés de l’emploi ;
    • Soutien aux acteurs du secteur protégé et adapté ;
    • Soutien aux acteurs de l’économie sociale et solidaire ;
  • Accompagnement des jeunes en situation de décrochage scolaire ;
  • Développement de l’égalité femmes-hommes ;
  • Recours à des entreprises locales ou proposant du Made in France.

En conclusion, une politique achats responsables consiste à prendre en compte l’impact de chaque produit sur les 3 piliers du développement durable (l’environnement, l’économie et le social). Ainsi, la stratégie achats responsables permet de construire des collaborations durables avec des fournisseurs engagés.

Les normes qui encadrent les achats responsables

ISO 26000, la norme internationale de la RSE

L’ISO 26000 a été la première norme à aborder le sujet des achats responsables.

“Développer l’éthique dans les relations d’affaires” est la principale thématique traitant du sujet des achats responsables. Elle recouvre les sujets suivantes :

  • Prévenir tout acte de corruption active ou passive ;
  • Garantir les conditions d’une concurrence loyale ;
  • Agir en faveur de la responsabilité sociétale des fournisseurs (vigilance RSE dans les achats, promotion de la RSE dans la chaîne de valeur) ;
  • Créer de liens durables avec les fournisseurs (délai de paiement, niveau de dépendance, relation constructive).

Au-delà de cette thématique, la question des achats intervient sur de nombreuses autres thématiques de l’ISO 26000 comme la gouvernance, le respect du droit des personnes, la préservation de l’environnement ou le développement local.

ISO 20400, la norme dédiée aux achats responsables

Si l'ISO 26000 a donné un coup d’accélérateur aux achats responsables, la norme ISO 20400 a permis de décliner la RSE dans la fonction achats. Cette norme propose des recommandations aux décideurs et acheteurs qui souhaitent maîtriser leurs coûts, tout en anticipant les risques économiques, sociaux et environnementaux.

L'ISO 20400 permet par exemple de cartographier les risques et les opportunités liés des achats, d’apprécier l’ensemble des coûts sur l’ensemble du cycle de vie du produit ou service, d’intégrer des retours d’expérience fournisseurs ou encore la question du sourcing responsable.

Aligné sur la norme ISO 20400, le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR) est le label d’Etat porté par le Ministère des Finances.

 

La grille de correspondance entre les référentiels LUCIE (aligné sur l’ISO 26000) et RFAR (aligné sur l’ISO 20400)Tableau de correspondance LUCIE 26000 et label RFAR - Label LUCIE

La grille de correspondance entre les référentiels LUCIE (aligné sur l’ISO 26000) et RFAR (aligné sur l’ISO 20400)

Pourquoi déployer une démarche achats responsables ?

Tout comme la RSE, déployer une politique achats responsables, c’est entrer dans une démarche d’amélioration continue.

Transformer sa fonction achats est un axe efficace pour diminuer ses impacts sur l’environnement, favoriser l’innovation et améliorer sa compétitivité.

Améliorer sa performance économique, sociale et environnementale

La mise en place d'une démarche achats responsables a plusieurs objectifs :

  • Prendre réellement conscience de ses besoins ;
  • Prendre en considération l’impact social et environnemental de l’entreprise ;
  • Maîtriser le coût global et l’ACV de ses produits et services.

Maîtrise des risques (sociaux, environnementaux et économiques)

Rupture de stock, problème d’approvisionnement ou encore litiges... la crise sanitaire et plus récemment la guerre en Ukraine ont révélé de nombreuses vulnérabilités liées aux achats.

Les risques dans la chaîne d'approvisionnement peuvent résulter de facteurs externes qui ont une incidence sur la production, la distribution et l'approvisionnement des stocks.

Ces risques ont différentes origines. Ils peuvent être :

  • Naturels, liés à des catastrophes (tremblements de terre, tsunami...),
  • Biologiques comme dans le cas de la pandémie de Covid-19,
  • Politiques comme avec la guerre en Ukraine,
  • Ou encore technologiques comme dans le cas d’une cyberattaque.

Par conséquent, la fonction achats doit devenir plus résiliente pour résister aux crises.

Anticiper la réglementation

Rappelons qu’en France, afin de garantir une certaine égalité dans la relation fournisseur, le Code du commerce et le Code de la propriété intellectuelle listent les pratiques abusives concernant les relations commerciales.

A l’échelle française et européenne, la réglementation s’accélère pour pousser les acheteurs à se saisir des enjeux du développement durable :

  • La loi sur le devoir de vigilance a pour objectif de remettre le respect des droits humains au cœur des préoccupations des multinationales. Elle concerne les grandes entreprises (au moins 5 000 salariés en France et celles de plus de 10 000 salariés dans l’Hexagone ayant leur siège social ailleurs dans le monde). Celles-ci doivent établir et publier un plan de vigilance pour prévenir les risques en matière d’environnement, de droits humains mais aussi de corruption sur leurs propres activités mais aussi celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs, en France comme à l’étranger.
  • Loi Sapin 2 - mettre en place un dispositif de prévention de la corruption (Entreprise d’au moins 500 salariés pour le siège social français ou 100 millions de CA consolidé)
  • Loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) pour :
    • Favoriser le recours à des pièces de rechange ou pièces détachées issues du réemploi
    • Mettre en place un indice de réparabilité de ses produits
    • Informer le consommateur de la disponibilité des pièces détachées à l’achat
    • Étendre la garantie légale de conformité en cas de réparation
    • Limiter son utilisation de produits en plastique à usage unique
    • Limiter la consommation de bouteilles d’eau en plastique et encourager la consommation d’eau en fontaine
    • Récupérer les emballages pour les produits achetés en magasin
    • Afficher le logo Triman sur ses produits
    • Afficher une information sur la quantité de données consommées par des équipements numériques (Fournisseurs d’accès et opérateurs mobiles.)
    • Indiquer l’existence et la durée de la garantie légale de conformité
    • Donner ou recycler ses produits invendus
    • Informer le consommateur sur le rythme de mise à jour des logiciels
  • Loi climat et résilience avec l’intégration de la dimension environnementale et sociale dans tous les contrats de la commande publique d’ici 5 ans.
  • LTECV (loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire) qui fixe des objectifs de lutte contre le gaspillage alimentaire pour les établissements de distribution et restauration et supprime l'usage de sacs plastique à usage unique.
  • Loi Egalim pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable.

Un réel tsunami réglementaire est en cours. La taxonomie entre en vigueur partiellement en janvier 2022, puis totalement en 2023. Les entreprises soumises à l'obligation de déclaration de performance extra-financière vont devoir produire un nouveau reporting environnemental précisant la part de leurs achats d'investissements et d'exploitation associés à des activités compatibles avec la transition écologique. Un virage que la fonction achats ne doit pas rater.

Vecteur d’innovation et de création de valeur

Les fonctions achats ont un rôle d’interface stratégique entre l’entreprise et ses fournisseurs, en établissant avec eux de véritables partenariats, elles peuvent avoir une influence bénéfique sur le tissu économique local. Pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux, les entreprises vont devoir innover. Dans ce contexte, les fournisseurs sont des partenaires privilégiés.

Répondre aux attentes des parties prenantes

L’ensemble des parties prenantes de l’entreprise sont de plus en plus conscientes des grands défis sociaux et environnementaux du siècle, notamment avec le dérèglement climatique ou encore l’effondrement de la biodiversité.

Clients ou consommateurs, collaborateurs ou talents, fournisseurs ou partenaires... Toutes les parties prenantes de l’entreprise exigent qu’elle s’engage et contribue aux ODD.

Comment adopter une démarche achats responsables ?

Faire des achats responsables, tout comme l'engagement RSE, relève d'une démarche d’amélioration continue.

Les prérequis pour s’engager :

  • La montée en compétences est au cœur de la démarche achats responsables ;
    L’ensemble des fonctions achats doivent comprendre les enjeux sociaux et environnementaux de leurs métiers et apprendre comment intégrer le développement durable et la RSE au quotidien. La formation est donc une étape essentielle. Le Centre de Formation LUCIE propose une formation pour définir un plan d’action achats responsables conforme à l’ISO 20400. Cette formation est proposée en partenariat avec Entreprises Responsables +, l’association qui assure la gestion du label RFAR.
  • Consulter ses parties prenantes ;
  • Raisonner en cycle de vie des produit et en coût global.

5 étapes de la démarche achats responsables - Label LUCIE

Etape 1 : Faire un état des lieux des pratiques, identifier les impacts et hiérarchiser ses enjeux

Les objectifs de l’état des lieux :

  • Comprendre le niveau de maturité de l’entreprise, ses orientations stratégiques et la déclinaison de la stratégie dans la politique achats ;
  • Comprendre comment la fonction achats s’organise et quels sont ses engagements actuels ;
  • Identifier les bonnes pratiques de l’entreprise, les formaliser et les valoriser ;

Les objectifs de l’identification des impacts et de la hiérarchisation des enjeux :

  • Cartographier et prioriser les familles achats ;
  • Analyser les impacts environnementaux, sociaux et sociétaux des produits ou services qui sont achetés ;
  • Prioriser les enjeux RSE par famille d’achat ;
  • Hiérarchiser les enjeux prioritaires en matière d’achats responsables en consultant ses parties prenantes et en réalisant un benchmark.

Etape 2 : Formuler une stratégie achats responsables

Après avoir réalisé l’état des lieux, étudié les impacts et hiérarchisé les enjeux de la fonction achats de l’entreprise, l’entreprise dispose de tous les éléments pour construire sa stratégie achats responsables.

L’objectif est de bâtir une stratégie précise pour le choix de ses produits et fournisseurs et de définir les critères RSE à suivre chez ses fournisseurs.

Il est essentiel à cette étape de définir les objectifs et les indicateurs à suivre.

Etape 3 : Définir un plan d’action

Après avoir précisé la stratégie, il faut définir le plan d’action ou la feuille de route de sa démarche en interne et dans ses relations fournisseurs. A cette étape, l’organisation traduit sa stratégie en une série d'actions et d'engagements concrets à réaliser selon un calendrier précis en vue d'atteindre les objectifs définis précédemment.

Etape 4 : Suivi du déploiement de la stratégie achats responsables

L’entreprise doit suivre le déploiement de sa démarche achats responsables, à l’aide des indicateurs définis précédemment.

Voici quelques exemples d’indicateurs proposés par l’ADEME :

  • Nombre de fournisseurs ayant signé la charte achats responsables de l’entreprise,
  • Nombre de fournisseurs audités,
  • Montants en euros dépensés auprès du secteur adapté et protégé et équivalent temps plein,
  • Pourcentage d’appels d’offres intégrant des critères RSE,
  • Nombre d’acheteurs formés aux achats responsables,
  • Nombres de PME parmi les fournisseurs,
  • Pourcentage d’achats d’énergies renouvelables dans les consommations de l’entreprise,
  • Pourcentage d’achats réalisés localement,
  • Pourcentage de produits éco-labellisés / éco-conçus.

Etape 5 : Valoriser sa démarche avec un label RSE générique ou spécifique aux achats responsables

Une fois les premiers résultats obtenus, il est temps de mettre en avant le travail accompli en obtenant un label RSE ou bien le label RFAR dédié aux achats responsables.

Quels outils ?

La Méthode BISOU

Pour mieux consommer la méthode BISOU fonctionne aussi bien dans la sphère privée que dans celle de l’entreprise.

B comme Besoin
A quel besoin cet achat répond-il ?

I comme Immédiat
En ai-je besoin immédiatement ?

S comme Semblable
Ai-je déjà quelque chose de semblable ?

O comme Origine
Quelle est l’origine de ce produit ? Comment, par qui et où ce produit a t-il été fabriqué ?

U comme Utile
Ce produit va t-il vraiment m’être utile ?

La méthode TCO

Les achats responsables peuvent être un véritable levier pour créer de la valeur économique. La méthode « Total Cost of Ownership » ou du coût complet a pour objectif d’estimer le coût global d’un bien ou d’un service tout au long de son cycle de vie en prenant en compte :

  • les coûts directs (le prix du bien et le transport par exemple),
  • les coûts indirects (non-respect du cahier des charges, retards de livraison, les risques de rupture de chaîne d’approvisionnement, entretien et maintenance, gestion des déchets par exemple),
  • les externalités (les émissions de CO2 par exemple).

Bien souvent, la méthode du TCO révèle des coûts cachés, qui existent bel et bien pour l’entreprise mais ne sont pas pris en compte dans le prix d’achat.

L’analyse du cycle de vie

L’analyse de cycle de vie (ou ACV) est une méthode pour évaluer les impacts environnementaux d’un produit (bien, service ou procédé) tout au long de son cycle de vie : de l’extraction des matières premières à la fin de vie. Cette méthodologie est notamment utilisée pour orienter les acheteurs et la R&D sur le choix des matières premières ou le packaging à utiliser.

L’impact sur l’emploi local

Des méthodologies existent pour estimer le nombre d’emplois générés par une décision d’achat en prenant en compte la localisation géographique du fournisseur, le montant d’achat ainsi que le secteur concerné. Certaines entreprises ont également constaté, en interne, que les achats permettaient de pérenniser des emplois à temps plein

Les labels, un gage de qualité

Le label Relations Fournisseurs & Achats Responsables (RFAR) est le label de référence en matière d’achats responsables. Aligné sur la norme ISO 20400, le label RFAR valorise les entreprises françaises qui font preuve de relations durables et équilibrées avec leurs fournisseurs. Soutenu par les pouvoirs publics, il est attribué pour une durée de 3 ans.

Au 1er mars 2022, 67 entreprises ont obtenu le label RFAR.

Les labels RSE dits génériques, comme LUCIE, alignés sur l’ISO 26000 intègrent également la dimension achats responsables.

LUCIE 26000 est un label global qui couvre l’ensemble du périmètre de la RSE tandis que le label RFAR est un label thématique qui permet de se concentrer sur le sujet. C’est pourquoi ces deux labels sont complémentaires, si les achats sont un enjeu stratégique de votre organisation.

Le secteur numérique compte également de nombreux labels pour guider une décision d’achat.

On trouve par exemple :

  • Label TCO Certified, la première certification mondiale de durabilité pour les produits informatiques. Elle comprend un système complet de critères actualisés, une vérification indépendante et un système structuré d'amélioration continue.
  • Label EPEAT (Electronic Product Environmental Assessment Tool) qui se base sur 23 critères obligatoires et 28 optionnels couvrant toutes les phases du cycle de vie du produit. Ce label concerne les devices : ordinateurs portables, ordinateurs de bureau, notebooks, écrans, GSM, télévisions, et serveurs...

Trop souvent oubliés, les achats responsables sont pourtant un levier important de la RSE et de la transition écologique. Et vous quelles actions avez-vous mises en place dans votre structure en faveur des achats responsables ?

Pour aller plus loin