Homme faisant une sieste dans l'herbe - Label LUCIE

Fausse bonne pratique RSE ou démocratisation du bonheur ? La sieste au travail est considérée comme essentielle dans certains pays alors que l'Europe occidentale l'associe parfois à la flemmardise. Ses bénéfices sont pourtant nombreux. A l'heure où le présentéisme est encore trop répandu en France, une pause s'impose.

L'origine de la sieste

La sixième heure du jour

Issu du latin sexta, la sieste est un besoin naturel après 6 heures éveillé, qui permet de garder une forme optimale toute la journée. Ce coup de fatigue arrive donc en début d'après-midi mais contrairement aux idées reçues, elle n'a aucun lien avec la digestion. Notre corps l'exige en complément de notre longue phase de sommeil : la nuit. Il ne s'agit donc pas d'un luxe mais d'un simple moment de récupération pour la deuxième moitié de la journée.

Un droit constitutionnel

En Chine en tout cas, la sieste au travail est sacrée et c'est en Asie que les premières salles de repos apparaissent. Cela peut paraître étrange mais la logique est la suivante : j'ai bien travaillé, je dois donc me reposer pour pouvoir continuer un travail efficace. Autre exemple au Japon où ils considèrent le sommeil comme une médecine préventive. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la sieste a toute son importance dans le monde de l'entreprise à travers la "gestion du risque fatigue".

Les cultures d'entreprise pro-sieste se développent aussi aux Etats-Unis où la micro-sieste est tolérée et s'amplifient progressivement l'Europe. La sieste se démocratise par exemple en Allemagne et reste une habitude pour les pays du sud tels que l’Espagne, qui a malgré tout dû la diminuer au fil des années pour des raisons économiques. Les pays scandinaves aussi acceptent bien mieux la sieste. Qu'en est-il de la France ?

Roupiller en toute légalité

Un besoin de sommeil chez les Français

La loi ne prohibe pas la sieste mais elle y est peu favorable. Elle ne constitue pas une faute grave sauf dans les professions à hautes responsabilités telles que les pompiers. Pourtant les Français manquent de sommeil. D'après un sondage de l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), ils dorment en moyenne 6h42 en semaine, soit une heure trente de moins qu'il y a 50 ans. 19% des salariés reconnaissent s'assoupir ou s'endormir au travail.

La sieste = bonheur et santé

L'Université de Hertfordshire présente l'étude "Forget happiness, it is time for nappiness", et les résultats le prouvent : 66% des 1000 participants qui font des siestes courtes affirment être heureux contre 60% qui ne font pas de sieste. Attention : seulement 56% chez ceux qui font des siestes longues (de plus de 30 minutes). Il est donc important de doser raisonnablement son temps de repos.

Loin d'être une perte de temps, dormir c'est la santé. Et la liste des bienfaits est longue : le sommeil prévient des maladies cardiovasculaires et de la prise de poids, aide à combattre l'anxiété, régule l'humeur, améliore le bien-être et la condition physique...

Des vertus dynamisantes

Le sommeil bénéficie aussi à la vie au travail ! Selon une étude de la NASA, la sieste augmente la productivité et la créativité de 35%. Ce ne sont pas les seuls avantages : les pratiquants s'estiment plus efficaces, capables de résister au stress... Le risque de burn-out est évité. Ils constatent même avoir une mémoire consolidée et de meilleures relations avec ses collaborateurs grâce à une minimisation des sautes d'humeur. A titre d'exemples, nous pouvons compter chez les siesteurs célèbres Albert Einstein, Jacques Chirac, Winston Churchill et Salvador Dali.

Mode d'emploi de la récupération rapide

Fini le tabou

Il ne faut pas confondre sommeil avec paresse ni faiblesse. Puis il est temps de faire face à la réalité : 26% des actifs l'ont déjà pratiquée dont 80% dans un lieu non prévu à cet effet (à défaut d'une siesteria : canapé, banquette arrière de la voiture, abattant des toilettes, à même le sol...).

1, 2 , 3, siestez

Comment s'y prendre ? On ne traitera pas ici des siestes compensatrices (récupératrices d'un sommeil en retard, de plus de 30 minutes) mais bien de siestes ressourçantes. Ce sont ces fameuses siestes éclair (ou power-nap) qui redonnent de l'énergie et permettent d'être d'attaque dès le réveil.

Combien de temps ? Entre 5 et 30 minutes.

A quelle heure ? Dès 13h.

Où ? Idéalement un lieu calme et confortable, soyez imaginatifs avec votre espace de travail pour trouver le meilleur endroit nap-friendly ! Pourquoi pas dans un bar à sieste près de chez vous pendant la pause déjeuner.

Conseil de pro : l'endormissement arrive plus rapidement avec de l'entraînement. La récupération peut donc se faire en peu de temps avec une certaine expérience. On l'appelle la micro-sieste.

Une des nombreuses démarches de QVT interne

Le chemin est encore long : seuls 12% des responsables sont ouvertement favorables à la pratique de la sieste au travail. Cependant il est prouvé en matière de RSE que la Qualité de Vie au Travail favorise la performance de l'entreprise. L'installation d'une salle de repos est donc une des solutions pour une meilleure productivité.

Bien sûr, le temps de repos accordé au sein d'une entreprise dépend de l'ambiance générale et ne doit pas se placer comme technique de goodwashing. Il faut d'abord se concentrer sur le dialogue, l'organisation et la confiance. D'autres initiatives pertinentes de bien-être permettent aussi de faire régner la sérénité dans l'organisation.

Et vous, avez-vous intégré la sieste à la démarche QVT de votre organisation ?

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